Mon dernier
post portait sur le manque de célébration du 1er Mai et des droits des travailleurs. Ca
n'avait pas beaucoup de sens de le traduire en Français, vu qu'en
France ces droits sont célébrés. Malheureusement, nous souffrons
d'autres maux.
Au milieu du
tumulte médiatique, entre les résultats du FN, les scandales
politico-financiers de l'UMP et les zooms sur les antillais
djihadistes, j'essaye de garder mon calme, et me demande comment
l'individu lambda digère tout ça.
Les médias
comme la liberté d'expression sont primordiaux alors je tenterai de
ne pas en conclure que « c'est tout la faute à notre culture
médiatique du sensationnel ». Je ne peux cependant m'empêcher
de me demander comment, au lendemain de résultats électoraux tels,
on peut encore entendre qui que ce soit dire: « Il ne faut pas
trop médiatiser l'histoire du djihadisme antillais, pour éviter de
contribuer à la hausse de l'extrémisme...islamiste ».
A croire qu'en France, la présence marginale d'extrémistes
islamistes est perçue comme plus menaçante que la victoire
électorale d'un parti fasciste. Comme quoi, la montée de l'extrême
droite en France, c'est comme le problème environnemental dans le
monde : son ampleur se mesure à l'incapacité que nous avons d'y faire réellement face.
Je ne suis
pas alarmiste et j'ai conscience que les élections européennes sont
très particulières. Le taux d'abstention n'y reflète pas seulement
le désengagement politique général, mais aussi la conscience que
cette Europe n'est pas démocratique. Moi je voudrais que ce soit les
commissionnaires qui soient élus. Je ne pense pas non plus que les
résultats électoraux reflètent un réel sentiment anti-européen.
Il est probable que les valeurs européennes ne soient pas aussi
ancrées que les valeurs républicaines. Il est tout aussi probable
que l'on ne critique pas l'Europe par Euro-scepticisme, mais
seulement par lassitude, comme l'on critique le gouvernement ou
l'Etat, ou tout simplement par esprit critique.
Je ne suis
pas alarmiste, mais je n'exclue pas une prise de pouvoir par le FN
non plus. Parce que l'exclure serait nier l'évidente montée des extrêmes et de
la xénophobie. Parce que le nier serait s'empêcher de réagir.
Une telle montée serait sûrement dramatique pour nous, Français
2.0 pluri-culturels. Mais elle le serait aussi pour nous, Français
un point c'est tout.
C'est
sûrement sur ce thème que les médias n'insistent pas assez.
Pourquoi on ne nous passe pas à longueur de journée des images
d'archive du Le
Pen des années 1980, avec ses milices à têtes rasées
(@33:50)? Parce qu'une victoire du FN vend mieux qu'une victoire des
autres ?
Il faut
s'imaginer cette France gouvernée par le FN pour être prêts. Prêts
à faire les bons choix, dans les urnes comme dans la rue. Marine
prend le pouvoir, elle est entourée d'incapables, et se tourne vers
les partis classiques pour l'aider à constituer un gouvernement.
Nous aurons alors les contre et les pour, qui penseront qu'il vaut
mieux être dirigés à moitié par des politiciens classiques que
complètement par des fous incompétents. Vous, vous en penserez
quoi ?
Ce sont des
questions que dans mon autre pays nous avons du nous poser il y a
longtemps. Et si là-bas, les dés des récentes élections
présidentielles étaient joués dès les déclarations de
candidature, je dois avouer qu'aujourd'hui les ondes civiques m'ont
l'air plus radiantes dans ce pays non-démocratique
non-révolutionnaire que de ce côté-ci de la Méditerranée.
Là-bas, on ne se fourvoie pas sur la réalité de la situation, et
faute de voter, on
chante, on dénonce, on
débat. Ici, on est apathique: on vote ou pas, on gobe les
analyses hébétantes du poste télé, on réagit un peu sur les
réseaux sociaux (comme on l'a fait pour la nouvelle coupe de La Roux
la semaine dernière) et on continue notre petite vie de citoyen en
république démocratique, peut être bientôt fasciste, mais comme
c'est pas encore, rien ne presse.
Le modèle
de démocratie classique connait une crise grave, apparemment liée
au fait que l'ancien
modèle d'expertise et d'autorité verticale sur lequel notre
démocratie se fonde est complètement dépassé, à l'heure de
l'accès au savoir universel et de la communication globale
instantanée. L'éducation connait le même problème. Certes.
Je n'ai
évidemment pas la solution au problème et je ne prétends pas être
moins apathique. Je suis juste partie. Quand on disait encore « la
France, on l'aime où on la quitte », j'ai répondu « la
France, je l'aime donc je la quitte. Ca fait trop mal de la voir dans
cet état ». Il me semble juste que d'être un peu alarmiste
avant l'heure et d'envisager une réelle prise de pouvoir par le FN
permettrait peut être d'être moins apathiques. Qu'on ne veuille
plus voter UMP ou PS est compréhensible. Mais l'action politique ne
se limite pas à ces choix là. Il reste l'engagement local, ou
encore les autres partis. Puisque la connectivité générale nous
offre des moyens sans précédent de nous informer et d'agir,
faisons-le. Tant qu'à être gouvernés par des novices politiques
incompétents, autant qu'ils aient des idéaux autres que fascistes.
Non ?
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